Plus qu’une méthode magique, il s’agit d’un processus, d’un chemin vers la Musique et vers soi-même, comprenant de nombreux paliers, comparables à ceux qui existent dans toute rencontre.
Dans une première phase (à laquelle correspondent les ateliers les concerts lecture), une présentation de l’œuvre aide à mieux sentir l’époque dans laquelle elle s’inscrit, à en connaître le contexte, le contexte social, philosophique esthétique ou religieux, à sentir vivre le compositeur dans toute son humanité, qui s’exhale par les sons.
Puis une mise à jour progressive de l’écriture musicale va permettre d’en discerner la trame, par petites touches, pour mieux l’apprécier.
Ensuite, pour ceux qui le souhaitent, il est possible en toute simplicité d’aller à la rencontre, par une écoute plus profonde, du sens de l’œuvre, telle qu’elle peut se révéler en soi.
La clé de cette intériorité, est l’audition intérieure, celle-ci s’éveille si on lui en donne l’espace et le temps.
C’est par une culture de l’attention, portée patiemment et progressivement sur les sons, grâce à des outils pédagogiques simples et accessibles à tous.
Parallèlement à ce développement de « l’ouïr », le temps des ateliers permet de laisser résonner en soi les vibrations, de laisser se développer un monde personnel d’associations, d’émotions, de souvenirs (« écouter »).
C’est ici que l’ouïr laisse place à l’écoute, qui devient active, comme l’a montré Maurice Martenot, au moment où le son résonne intérieurement : ce dont nous faisons tous l’expérience simplement quand par exemple une chanson, un thème nous vient à la tête : nous nous mettons peut-être à le siffler, à le chanter, ou tout simplement à l’écouter se chanter en dedans.
L’audition, de passive, devient active, et l’audition intérieure s’éveille.
Le danger de cette étape est immense : ce que nous écoutons, est-ce la Musique, véritablement telle qu’elle est ou bien est-ce notre sensibilité subjective ? La laissons-nous réellement révéler sa vie, avec toutes ses nuances, tous ses méandres ou laissons-nous notre attention dériver vers un monde subjectif qui s’en éloigne ?
A cette étape intervient la pensée : « entendre ».
Par la mise à jour progressive, dans toute sa complexité, de la forme réelle de l’œuvre musicale, s’appuyant sur la mémoire ravivée grâce à quelques supports pédagogiques, la pensée musicale se précise, se développe peu à peu.
Discernant de mieux en mieux le discours musical lui-même, l’auditeur en chemin apprend la neutralité, et son écoute gagne en objectivité, au fur et à mesure du flux sonore, sans intervenir sur lui, sans projections mentales ni distorsion émotionnelle.
Ayant traversé l’écorce de l’émotion première, nourrie par une pensée musicale claire, la sensibilité, non seulement ne se tarie pas, mais s’illumine : l’Être intérieur à la rencontre des sons, se reconnaît, se révèle par le mystère de la vibration.
La Musique révèle alors son sens, la forme révèle sa vie, dans le for intérieur de chacun, là où les mots n’ont que très difficilement accès.